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C'est ainsi, lors de l'oraison initiale du sacre de Reims,
que le célébrant s'adresse au Tout-Puissant.
D'où l'assurance qui nous est donnée que l'institution royale en France
n'est pas de seule volonté humaine mais un effet de la miséricorde divine.
La France a reçu en son chef un souverain chargé de réprimer en ce temps
le mal et de favoriser le bien : un souverain et une lignée, car " il
n'y a jamais eu qu'un roi de France ".
Hélas " le droit sentier de la vérité " que le sacre permettait
au roi de poursuivre a été aban-donné par la France, non en une seule
fois, en ce jour épouvantable où Louis XVI a été assassiné légalement
- plaçant ainsi un crime à l'origine de la république - mais à
plusieurs reprises, car il a fallu que les intrigants persistassent dans
leur volonté maligne pour amputer la France de sa bénédiction. N'y parvenant
jamais tout-à-fait, ne renonçant jamais complètement.
Le royaume de France a inauguré dans le sang l'entrée de l'humanité dans
le monde moderne, celui de la révolte prométhéenne. Monde moderne, ou
plutôt monde guidé par des idées modernes qui, selon
le mot de La Rochejaquelein, n'ont rien de jeune mais sont vieilles comme
le péché, comme les sentiers tortueux du mensonge.
" Le droit sentier de la vérité " est abandonné chaque fois que l'esprit
de révolte et de haine s'empare des Français, chaque fois que l'autorité
légitime instituée dans le royaume est foulée aux pieds, chaque fois que
la paternité est renversée, chaque fois que le mensonge triomphe, chaque
fois qu'un innocent est tué dans le ventre de sa mère, chaque fois que
le pauvre est bafoué et le riche honoré indûment.
La fièvre conspiratrice qui a conduit une minorité de révoltés
à couper la tête de la France, son " cap ", ainsi que ces fléaux qui s'abattent
régulièrement sur les hommes, a certes une signification mystérieuse que
nous ne pouvons percer qu'imparfaitement, et la première analogie qui
s'impose à nous est celle qui relie la Révolution à la révolte des anges
dans le Ciel, mais une chose est certaine et l'Histoire de France la prouve
amplement : la haine du roi a pour cause le refus de la bénédiction de
Dieu et pour conséquence la plongée volontaire dans la succession
des malheurs !
Ainsi l'esprit de révolte ne peut détruire la bénédiction qui ne
cesse de vivifier la France, mais il s'acharne en permanence - comme une
maladie chronique - à mener son oeuvre mauvaise.
Le roi de France est invisible, il n'a pas reçu l'onction, il ne commande
pas, mais il dispose encore du sceptre et de la main de justice : il continue
à régner dans l'invisible. De même que le roi de France - invisible, mais
jusqu'à quand ?- continue à régner, de même l'esprit de révolte persiste
à l'assaillir.
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